Bioshock Infinite, c'est un peu
Chinatown qui rencontre
L'Arme Fatale 2 qui se prend pour
Avatar (la série) qui atterrit dans un piège tendu par Lovecraft et les frères Wachowski avec un petit passage par
Star Wars. Ça commence comme un
vieux film de gangsters. Nous sommes en
1912. Vous incarnez
Booker Dewitt, un détective privé quadragénaire noyé dans
l'alcool et
les dettes de jeu après une carrière
traumatisante dans l'armée américaine et le
décès de son épouse morte en couche. Deux mystérieux
faux jumeaux en ciré jaune vous conduisent en
barque à un phare perdu au beau milieu de l'océan (ce qui devrait vous mettre la proverbiale puce à l'oreille). Votre leitmotiv : "Ramenez la
fille et nous effacerons la
dette". La mafia doit lui chercher noise,
c'est sûr. En haut du phare se trouve un
fauteuil à l'allure intrigante, donc
comme de bien entendu, vous vous y asseyez (en même temps, y a rien d'autre à faire). Le siège vous retient aux poignets et aux chevilles, une espèce de capsule façon
De la Terre à la Lune s'assemble autour de vous, et vous voilà
projeté dans les airs. Vous arrivez à
Columbia, une
ville suspendue au-dessus des nuages. Les oiseaux y gazouillent, la verdure y abonde, l'architecture bourgeoise y éblouit par sa splendeur, les passants vous y saluent avec bienveillance. Il fait
beau, on est
bien... On apprend qu'ici, des solutions buvables appelées "
toniques" vous offrent un éventail de pouvoirs fabuleux, et qu'apparemment, une sombre rebelle nommée
Daisy Fitzroy sème la terreur parmi la société bien pensante de Columbia, à la tête d'un groupuscule terroriste, la
Vox Populi. Columbia est dirigée par un un quinqua blanc het cis catho
comme on les aime dénommé
Zachary Comstock et auto-proclamé "
Prophète". Déjà ça commence à
picoter, mais bon. On se balade tranquillou, presqu'un brin d'herbe à la commissure, et on arrive à une tombola. On prend une balle de base-ball sur laquelle est tissée le numéro
77 : c'est bien sûr le numéro tiré par le présentateur moustachu, un certain
Fink. Bon. On a gagné quoi ? Ben le droit de balancer la
première balle sur le couple
ligoté et plaintif qui apparaît peu à peu sur la scène pardi ! Un homme
blanc et une femme
noire. Ah tiens, c'est vrai qu'on a vu que des blancs-becs jusqu'ici dites donc ! Au final, Columbia c'est
sympa, mais faut être un minimum
ségrégationniste pour en apprécier les joyeusetés. C'est là que ça part en
cacahuète et qu'on se fait choper par les flics, qui ont remarqué notre tatouage au dos de la main :
AD. Qu'est-ce que c'est, ça, AD ? Apparemment ici, c'est la marque du
faux berger qui veut boulotter
l'agneau du Prophète. Vous ne comprenez
rien ? C'est
normal. (j'abuse un peu du
gras non ?) On saisit le
Grappe-Ciel d'un policier (une espèce d'hélice aiguisée qui se porte à l'avant-bras et permet de se déplacer sur des
rails placés dans les airs. On peut aussi s'en servir pour briser des
cous, casser des
dents et mouliner de la
cervelle, comme ce qui suit) et le massacre commence, parce que c'est pas pour dire mais on commençait sérieusement à
s'emmerder.
--Attention SPOILER-- Après une série de
rixes riches en hémoglobine dont un passage par le club des supporters de
Lady Comstock, l'épouse morte du Prophète, aux allures de
Ku Klux Klan, on parvient à la
tour (en réalité l'immense statue d'un ange) où se cache
Élizabeth, la fille de Comstock (c'est elle "l'agneau"). Élizabeth a un
bout du petit doigt qui manque (cette information au premier abord non-existentielle aura son utilité plus tard)
crochète des serrures, décrypte les codes les plus complexes
en cinq sec, chante, peint, danse, bricole
sans problème en autodidacte, connaît
tout sur tout et, accessoirement, ouvre des
failles spatio-temporelles qui vous refilent des armes des munitions de la santé des cristaux pour vos pouvoirs etc. Elle est aussi protégée par
Songbird, un oiseau mécanique géant qui en gros veut vous bouffer. Sinon, elle
casse des bouches quand il le faut et vous ne passez pas votre temps à la
protéger mais plutôt à la
suivre en tirant sur les ennemis, parce que c'est bien de se sentir
utile de temps en temps quand même. Vous tentez de vous enfuir avec un dirigeable, mais Élizabeth, qui est
pas la dernière des teubées non plus, voit bien que vous fixez la trajectoire sur New York et pas sur Paris comme vous l'aviez promis. Alors elle vous envoie un coup de
clé à molette (une idée de la référence, les gens qui écoutent depuis le début ?) dans la tronche pour se démerder seule, mais Daisy Fitzroy lui pique le dirigeable. Lorsque vous vous réveillez, Fitzroy vous promet de vous le rendre si vous sauvez son
forgeron,
Chen Lin, censé lui filer des
armes. Vous vous lancez à la poursuite d'Élizabeth qui a filé en douce, et retrouvez avec elle, au cœur des
usines Finkton (qui appartiennent au Fink du début), le pauvre Chen Lin battu à mort. Mais là, Élizabeth
ouvre une faille vers un monde où Chen Lin est vivant. Vous vous y engouffrez, tout ça pour découvrir que le forgeron (de même que certains autres infortunés personnages) est
bloqué entre deux mondes, donc qu'il a un peu de mal à vous entendre et à faire quoi que ce soit d'utile, et que les flics ont piqué ses machines et ses créations. Vous les retrouvez (en butant de la flicaille), mais c'est
ballot : comment vous allez transporter
10 tonnes de métal avec vos
petits bras musclés ? Ben vous ouvrez une
autre faille, vers un monde où les armes ne sont pas dans le commissariat, et donc sont entre les mains de la Vox Populi (
logique non ? Non ?) ! Vous mettez l'usine à sac avec vos nouveaux potes, mais Daisy se retourne contre vous parce que Booker,
dans ce nouveau monde (on en est au troisième), est mort en martyr pour la Vox - au passage, on se
fiche bien de l'état d'Élizabeth dans ce monde-ci apparemment - et que sa présence est un peu
gênante pour la cause. Élizabeth finit par tuer Daisy, ce qui lui octroie assez de force (force qui ne lui manquait pas tant à vrai dire) pour la suite.
--Attention SPOILER-- Vous décidez de trouver Comstock histoire de lui
arranger le portrait mais tombez d'abord sur Lady Comstock. En fait sur le cimetière où elle repose. Sauf qu'elle ressuscite en espèce de fantôme flippant qui ramène les cadavres à la vie, et qu'il faut tuer en récoltant des informations sur son sort. Vous apprenez, via des failles
remarquablement bien disposées, que c'est le "Prophète" qui l'a fait tuer parce qu'elle savait qu'Élizabeth n'était pas sa fille et commençait à se douter de certaines choses. On apprend aussi que les jumeaux (qui n'ont de cesse d'apparaître et de disparaître sans qu'on y comprenne goutte) ont explosé avec leur machine - événement fomenté par Comstock - et sont désormais constitué-e-s de particules que les deux peuvent contrôler comme bon leur semble. Élizabeth parvient à apaiser Lady Comstock et nous voilà en route pour les appartements du Zachary.
--Attention SPOILER-- Songbird enlève Élizabeth et l'y emmène de force. Booker la
suit et découvre la statue de sa compagnonne,
dans la même attitude que celles du Prophète, avec des signes laissant croire qu'elle a hérité de son empire et de sa connerie. Certaines
failles placées le long du chemin laissent échapper les cris d'Élizabeth, qui lutte contre des médecins tentant de
changer sa personnalité pour la faire devenir
comme son père. Tout en se chargeant des espèces de
fous qui peuplent l'endroit, portant un masque des Fondateurs (Roosevelt & Co., les fétiches de Comstock) sur la tête et étant surveillés par des hommes-alarmes au front ceint d'un casque à trompettes (ça devient
n'importe quoi ici), on s'occupe de libérer Élizabeth. Mais avant ça, on la rencontre sous les traits d'une
vieille dame qui nous tend un papier recouvert
d'inscriptions. Bref, on la sauve, et on s'enfuit jusqu'au dirigeable de Comstock pour
l'affrontement. Bom bom bommm...
--Attention SPOILER (du gros en mode Stupéfix, faites gaffe)-- Vous pénétrez dans le dernier étage du dirigeable. Passez devant une maquette figurant la tour d'Elizabeth, qui montre en coupe une énorme machine, le
Siphon, qui
inhibe les pouvoirs de notre comparse. Comstock est là. Il dit que vous, Booker, savez
tout, à propos de son petit doigt et du reste. Vous vous énervez et lui
fracassez le crâne contre un bénitier. Tout autour, des gravures représentant les étapes de votre aventure.
Ohlala, comment le savait-il ? Vous apprenez le
secret de Songbird (grâce au papier de la vieille Élizabeth) et l'utilisez pour le
contrôler, puis une
ultime bataille s'engage. Une fois celle-ci finie, Elizabeth vous enjoint à
détruire le Siphon avec l'aide de Songbird. Vous vous exécutez (mais pas comme dans
RRRrrrr!!!). Un halo de lumière vous enveloppe, et vous vous retrouvez... à Rapture. (whut ?) Vous prenez le bathysphère pour découvrir une mer infinie d'où surgissent
une myriade de phares, et où les étoiles sont en fait des
failles,
innombrables. Vous alternez entre le phare façon Rapture et façon Columbia, arrivez à un étang surgi des souvenirs de Booker, où il doit se faire
baptiser par un prêtre entouré de fidèles, ce qu'il
refuse. Vous revenez à un autre souvenir. Vous êtes dans votre bureau. Il y a un berceau. Un bébé à l'intérieur. Dans l'embrasure de la porte, le frère Lutèce vous demande le bébé pour effacer vos dettes. Vous le prenez, le lui donnez. C'est un souvenir, d'il y a 20 ans. Vous aviez changé d'avis. L'aviez poursuivi. Jusqu'à une ruelle sombre où s'ouvrait une faille, une faille où Comstock s'empare d'Anna, votre enfant. Anna Dewitt. AD. Le portail se referme, vous la lâchez pour ne pas la blesser. Mais elle se blesse. Elle perd une phalange. Au petit doigt.
--Attention SPOILER (du bon)-- De retour dans la barque du début (à laquelle vous êtes arrivée par une
faille, dont le passage vous a fait
perdre la mémoire), vous vous répandez en excuses. Que voulez-vous faire de Comstock ? Où remonter ? Vous déclarez vouloir "
étouffer ce salopard dans son berceau". Vous ouvrez une nouvelle porte.
Revoilà l'étang. Mais il n'y a plus que vous. Et Élizabeth. C'est ici que Booker Dewitt a fait un choix différent dans deux univers.
Dans l'un, il a refusé le baptême, s'est marié, a eu un enfant, perdu son épouse, sombré dans l'alcool et le jeu, échangé sa fille contre ses dettes, traversé le portail et tué Comstock pour finalement arriver ici.
Dans l'autre, il a accepté le baptême, embrassé la religion, monté une communauté, bâti une ville qu'il a propulsé dans le ciel. Dans l'autre, il est devenu Comstock. "
L'étouffer", commence Élizabeth en lui saisissant le bras. "
Dans son berceau", reprend une autre en saisissant l'autre bras. "
Avant qu'il ne naisse", achève une troisième, accompagnée d'une quatrième, d'une cinquième... Elle le plongent dans l'eau. Et il meurt.
FIN --
PS : Comme une merde.